Première région urbanisée du pays, l’Ile-de-France est aussi une grande région agricole (49 % de sa superficie). A quelques dizaines de kilomètres du cœur de Paris dans les quatre départements de la grande couronne, on compte encore quelque 4500 exploitations principalement dédiées aux grandes cultures : maïs, colza, blé, betterave (etc.). La région exporte mais ne fournit pas la plupart des produits alimentaires que consomment les 12 millions de Franciliens : viande, produits laitiers, fruits, légumes et produits transformés viennent des régions voisines et ce depuis le XVIIIe siècle, de plus loin encore avec la mondialisation des échanges.
D’après les chiffres du Service Régional de l’Information Statistique et Économique (SRISE), la plaine de Versailles, dans les Yvelines, serait l’un des derniers espaces de polyculture dans la région (voir la carte). Des maraîchers, des pépiniéristes cherchent à s’y installer.
Inversement, cette agriculture surtout céréalière vend ses produits sur les marchés internationaux. Elle est intensifiée, moderne, et pourtant menacée, en particulier du fait de la raréfaction des terres sous la pression foncière, ou de la raréfaction des repreneurs, lorsque les exploitants atteignent l’âge de la retraite. Ici plus qu’ailleurs l’artificialisation des sols et la demande de terrains pour l’urbanisation compliquent le maintien des terres agricoles.
Grignotant les espaces ruraux, accroissant la demande alimentaire, la croissance urbaine créée pourtant, paradoxalement, un besoin de campagne : alors que les zones périurbaines et pavillonnaires s’étendent, les Parisiens et les Franciliens sont plus que d’autres Français amateurs de produits bio et locaux et recherchent un environnement préservé.
De nombreux mouvements comme celui des AMAP et de nombreuses initiatives*, celles de l’Agence régionale des espaces verts, du Schéma directeur de la région, du Groupement des agriculteurs biologiques d’Ile de France tentent de résoudre ces paradoxes en cherchant à favoriser le développement d’une agriculture locale, sinon bio, la vente directe et les circuits courts de distribution. Ces acteurs économiques préconisent également de sanctuariser certains espaces agricoles menacés comme l’ont été en leur temps les espaces naturels.
D’autres métropoles, comme Munich, ont pu préserver leur environnement en contractualisant avec les agriculteurs de leur périphérie. « Il faudrait construire les villes à la campagne », plaisantait Alfred Jarry, pape de l’absurde. Une idée à suivre ?
*Voir par exemple le dossier : L’agriculture regagne du terrain dans et autour des villes. La Revue Durable n°43, 2011.
Pour plus d’info, consultez le Mémento de la statistique agricole en Ile de France (Agreste 2015).